L’impact de la grâce

Qu’est-ce que la grâce de Dieu? Est-elle si importante au point de ne pas pouvoir s’en passer? Est-ce une option dans la vie de l’homme, ou est-elle vitale? A quoi sert-elle? Si elle s’avère être essentielle dans la vie de l’homme, même s’il n’en a pas conscience, une fois qu’on prend la décision de devenir un disciple de Jésus-Christ, il se pourrait peut-être que Dieu voudrait qu’on accepte et qu’on s’approprie sa grâce. D’où l’utilité de savoir qu’elle est disponible et à quoi elle sert  !

Voici deux définitions tirées du Larousse :

Remise de tout ou partie de la peine d’un condamné ou commutation de cette peine en une peine moins forte : Obtenir la grâce d’un coupable.

Don ou secours surnaturel que Dieu accorde aux hommes pour leur salut.

A la lecture de ces définitions, on comprend qu’il y a :

  • un donneur : personne ayant les pleins droits et les pleins pouvoirs, en position de prendre des décisions qui vont déterminer l’avenir d’une autre personne.
  • un receveur : personne dépourvue de ressources et/ou de droit, limitée par sa condition
  • un acte de grâce : acte émis par le donneur, répondant parfaitement au besoin précis du receveur. La décision du donneur d’agir en faveur du receveur repose uniquement sur ses propres motivations.

Le nombre de fois que le mot « grâce » est mentionné dans le nouveau testament est un premier indicateur de son importance. On parle toujours beaucoup de ce qui nous semble important, il est probable que Dieu en parle souvent au travers des auteurs du nouveau testament parce que cela Lui semble important. La plupart des passages qui seront abordés ont été écrits par un homme appelé Saul de Tarse, nommé par la suite Paul, qui a justement fait l’expérience de la grâce de Dieu : le persécuteur des chrétiens est devenu le porte parole et le défenseur de l’évangile. Il était donc bien placé pour expliquer ce que c’était la grâce.

Nous allons donc explorer cet aspect de Dieu, qui nous est mystérieuse, mais tellement vitale, au travers de quelques passages tirés du nouveau testament. 

La grâce, contre toute attente 


Luc 1.25 :
C’est la grâce que le Seigneur m’a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour ôter mon opprobre parmi les hommes.

Elisabeth était l’épouse d’un sacrificateur nommé Zacharie, et tous deux étaient âgés. Elle était stérile, et la logique voudrait que pour son âge, elle ne soit plus du tout en mesure d’avoir des enfants. Employer le mot opprobre est lourd de sens, et nous permet de mesurer le poids de la douleur d’Elisabeth, qui s’est certainement sentie remise en question dans sa capacité d’être une femme, et de rendre son mari heureux d’être un père. Pouvait-elle y changer quelque chose? N’oublions pas qu’il n’y avait pas non plus toute l’avancée technologique et scientifique dont nous bénéficions aujourd’hui. Elle était donc sans ressource, et le temps où elle pouvait encore espérer et prier pour un miracle était révolu.

Pourtant, Dieu a décidé de son plein gré de lui accorder une faveur à laquelle elle ne s’attendait plus. La grâce de Dieu présente ici plusieurs propriétés :

  • l’acte de grâce est à l’initiative de Dieu Lui-même, et n’a pas nécessité la foi dans le miracle des intéressés : la preuve, Zacharie doute de l’annonce de l’ange. On peut logiquement en déduire que c’est la démonstration de la bonté et de la souveraineté de Dieu.
  • l’acte de grâce est irrévocable lorsque Dieu a décidé qu’il aurait lieu, et rien ne peut l’arrêter : on se dit parfois que nos péchés peuvent faire changer la donne, par exemple Dieu aurait pu être arrêté par l’incrédulité de Zacharie, mais Dieu était tellement déterminé à le faire qu’il a préféré fermer la bouche à Zacharie pour que sa volonté s’accomplisse.
  • l’acte de grâce est miraculeux et donne gloire à Dieu : la naissance de l’enfant a été un sujet de réjouissance pour les amis et proches de Zacharie et d’Elisabeth qui sont venus pour l’occasion. Dieu ne s’est pas arrêté là, à l’affirmation de Zacharie que l’enfant s’appelait Jean (comme l’avait dit l’ange), Dieu lui a rendu la parole devant tous, et il a prophétisé sur ce que Dieu allait accomplir.
  • l’acte de grâce s’inscrit dans un plan bien défini de Dieu : On n’a pas toujours conscience que Dieu a une vision d’ensemble spacio-temporelle, et vit en dehors de notre monde tri-dimensionnel! Quand il accomplit un acte de grâce, ce n’est pas par caprice, mais c’est parce qu’il y a un but plus grand que de répondre juste au besoin d’une personne. C’est un acte qui aura des répercussions plus grandes. Elisabeth a porté l’enfant qui était destiné à précéder la venue du Christ. Jean-Baptiste sera qualifié plus tard par Jésus comme le plus grand de tous les prophètes.

En résumé, la grâce de Dieu est précieuse et mystérieuse. Nous pouvons avoir confiance en un Dieu sait parfaitement ce qu’Il fait, et Il en est motivé par l’Amour.

 

La grâce de Dieu, clé essentielle à notre croissance


Luc 2.40 :
Or, l’enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Luc 2.52 :
Et Jésus croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

Voici deux cousins, nés à 6 mois d’écart, dont les commentaires faits au sujet de leurs croissances présentent des similarités. Il est question de sagesse, et surtout, ce qui nous intéresse, de la grâce. La description de leur croissance est simple et percutante. On n’a aucun détail sur eux entre 0 et 30 ans, autre que ces deux phrases, si ce n’est l’épisode du temple lorsque Jésus avait 12 ans. Pourquoi le mentionner alors? C’est comme si leur croissance s’était déroulée de manière simple, mais qu’elle était indispensable par rapport à ce qui les attendait comme mission ;

Jean-Baptiste était celui qui devait préparer le chemin du Sauveur, et baptisait d’eau pour la repentance des péchés. Remarque : la grâce de Dieu était sur lui, donc extérieure à lui

Jésus était le Messie qui devait donner sa vie pour sauver les Hommes, et baptiser du Saint Esprit. Remarque : il croissait en grâce, comme si elle était à l’intérieur de lui.

 Il s’agit probablement d’un exemple pour tous les croyants de comment commencer la vie avec Dieu : grandir dans la sagesse et par la grâce de Dieu. Comme nous l’avons vu dans la définition de la grâce, il s’agit d’une intervention extérieure à nous, qui nous fait du bien. Par exemple, un petit enfant est nourri par sa mère, une plante est arrosée d’eau par un jardinier. En somme, il faut l’intervention d’une tierce personne. Si c’est le cas, grandir en tant que chrétien nécessite une dépendance à Dieu, parce que c’est de Lui que provient la grâce nécessaire à notre vie.

Nous sommes tous appelés à remplir une mission. De ce fait, si nous croyons que nous n’avons pas besoin de mûrir, c’est une erreur. Et si nous croyons que nous pouvons mûrir par notre propre volonté ou de notre propre chef, c’est une erreur aussi.

 

La grâce, source de liberté pour tous!


Luc 4.19 :
Pour proclamer aux captifs la délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés, Pour publier une année de grâce du Seigneur.

Jésus s’était rendu le jour du sabbat à la synagogue dans la ville où il avait grandi,  et on lui remet le livre d’Esaie. Il reprend donc cette prophétie et rajoute qu’elle a  été accomplie. De quoi étonner les auditeurs qui étaient habitués à une explication de texte et non à une telle déclaration, surtout de cette envergure.

L’annonce d’Isaïe mentionne une année de grâce,  à sous entendre comme une ère de grâce. Cette ère de grâce allait toucher un plus grand nombre de personnes,  et surtout englober des catégories bien précises :

  • les pauvres
  • les cœurs brisés
  • les captifs
  • les aveugles
  • les opprimés

On avait vu précédemment l’exemple d’Elizabeth qui avait bénéficié de la grâce de Dieu individuellement et particulièrement mais ici,  la grâce de Dieu prend une dimension collective.

Les juifs espéraient dans la venue du Messie pour les délivrer de l’emprise romaine. Mais Jésus cite cinq  catégories,  sans préciser que c’était pour les juifs uniquement. Ces cinq catégories avaient pour but d’élargir la sphère d’action de cette grâce, d’englober l’humanité entière. En effet,  on s’aperçoit que tout être humain, juif comme non juif,  se retrouve dans au moins une catégorie, parce qu’elles ne se limitent pas qu’au physique, mais s’étendent sur l’état intérieur.

C’est une excellente nouvelle, mais elle n’a de sens et d’effet que pour celui qui se reconnaît dans une des cinq catégories,  et qui laisse une chance à Jésus de leur démontrer la puissance de sa grâce qui libère. Ceci relève du courage parce que nous sommes obligés de regarder au fond de nous pour définir notre état réel.

Jésus-Christ, la Grâce en Personne


Jean 1.14 :
Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.

Beaucoup perçoivent la Bible comme un recueil de commandements et d’interdits à respecter. S’il fallait qu’elle prenne une forme humaine,  ce serait pour eux probablement un général ou une personne autoritaire, qu’on craindrait et qu’on n’aimerait pas tellement fréquenter de peur de se sentir mal à cause de nos manquements.

Toutefois,  nous apprenons que cette même parole a effectivement pris une forme humaine, s’agissant de Jésus ! Contrairement à ce qu’on aurait pensé, Il ne faisait pas fuir les gens,  mais la foule était après lui.  Ceux que le monde avait qualifié comme irrécupérables ou corrompus, trouvaient refuge auprès de lui,  et se sentaient aimés. Les prostituées, les adultères et même les meurtriers pouvaient espérer recevoir une deuxième chance pour répartir à zéro ! Non, Il ne les flattait pas en disant « c’est bien ce que tu fais », mais Il leur montrait la vérité sur leur état, les libérait de ce les rendait mauvais, et leur rendait leur dignité humaine.

Quel était le secret de Jésus pour attirer les gens, étant l’incarnation de la Parole de Dieu,  rempli de vérité ?  La grâce.  Si nous sommes à notre tour remplis de la même grâce, nous pouvons être utilisés par Dieu pour transformer des vies. Mais sans elle, nous risquons de développer de la rigidité dans son comportement « chrétien », et à la longue faire fuir les gens.

Nous sommes donc invités à lire, à comprendre et mettre en pratique les Écritures, à l’aide de la grâce de Dieu, pour devenir de plus en plus comme Jésus.

 

La grâce te rend spécial !


Actes 2.47 :
Louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés.

Les premiers chrétiens, qui se sont convertis à la prédication de Pierre, ont trouvé grâce auprès des autres. Concrètement,  trouver grâce auprès d’un autre revient à être particulièrement apprécié, aimé, attirant, distingué aux yeux de l’autre, considéré comme peu ordinaire, telle une pierre précieuse et rare.

Qui n’a pas envie d’être unique en son genre et susciter l’intérêt ? Pourtant, la méconnaissance de notre propre valeur nous aveugle parfois et nous pousse à nous revêtir de « guirlandes ». Ces guirlandes peuvent prendre plusieurs formes : la popularité, le physique attirant,  la richesse matérielle,  l’intelligence, la carrière, le savoir,  être un meneur, être un caïd, le blagueur, être séduisant, avoir des connaissances dans la haute société,  etc… La plupart de ces avantages ne sont pas mauvais en soi,  mais ils deviennent des guirlandes, utilisés de façon détournée, dans le but de combler le vide de sentir qu’on n’est pas important.

Pourtant, Dieu agit autrement : lorsqu’il devient le centre de notre intérêt,  le roi de notre coeur, on se sent important parce qu’on est aimé de Dieu a notre juste valeur,  donc plus besoin de guirlandes :)!!! Puis, il illumine notre personnalité,  et nos avantages naturels, et nous rend attirant de manière saine. On est motivé par un amour sincère, authentique et désintéressé, et les autres peuvent effectivement nous trouver « différents « .

 

Grâce spéciale pour une mission impossible


Actes 4.33 :
Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous.

La grâce de Dieu se manifeste sous des mesures selon la nécessité. À cette époque, Dieu avait établi les disciples de Jésus pour annoncer l’Évangile, peu de temps après la résurrection et l’ascension de Jésus. La tâche était lourde, car elle consistait à partager comme nouvelle au monde que Le Messie, envoyé de Dieu,  était l’homme qui avait été crucifié à Pâques, mais qu’Il était ressuscité des morts, et que c’est en Lui qu’il fallait croire pour être sauvé. Comment faire avaler ça aux gens ????  Certes,  les juifs avaient une conscience du miraculeux et avaient entendu ou vu des personnes qui avaient bénéficié de l’intervention de Jésus, mais que dire des grecs ou des romains, qui croyaient en tout autre chose ? En effet,  annoncer l’évangile n’était pas une tâche facile,  parce que les consciences à cette époque n’étaient pas plus disposées qu’aujourd’hui à croire une nouvelle pareille.

Pourtant,  Dieu nous étonne : Il avait pallié à ce manque évident en accordant aux chrétiens de ce temps une grande grâce. Pour des missions impossibles, il faut une aide qui dépasse notre capacité humaine. C’est ainsi que les apôtres pouvaient témoigner avec beaucoup de force de quelque chose que notre entendement humain ne peut accepter.

 


Pasteur à l'Eglise ECP